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La sciatique est souvent décrite comme une douleur aiguë et lancinante, qui irradie de la région lombaire vers les jambes. Elle peut véritablement impacter la vie quotidienne, et la capacité à travailler. Alors, comment gérer la douleur pour qu’elle ait le moins d’effets possible sur votre vie professionnelle ? Comment adapter votre environnement de travail ? Quelles limitations physiques la sciatique entraîne-t-elle ? On fait le point sur cette maladie qui touche de nombreux travailleurs !

Qu'est-ce qu’une sciatique ?

La sciatique est une douleur causée par la compression ou l’irritation du nerf sciatique, le plus long nerf du corps humain. Elle se manifeste souvent par une douleur aiguë dans le bas du dos qui descend vers la jambe, parfois jusqu’au pied

Quelles sont les causes de la sciatique ?

Les causes de la sciatique sont variées : hernie discale, syndrome du piriforme, arthrose vertébrale ou encore tensions musculaires peuvent être à l’origine de la douleur.

La hernie discale

La hernie discale est l’une des causes les plus fréquentes de la sciatique. Elle survient lorsque le disque intervertébral (amortisseur situé entre les vertèbres) se fissure et qu’une partie du noyau gélatineux à l’intérieur se déplace. Si cette matière comprime le nerf sciatique, elle peut provoquer des douleurs, allant du bas du dos jusqu’à la jambe.

Le syndrome du piriforme

Le muscle piriforme est situé dans la région fessière, près du nerf sciatique. Si ce muscle se contracte ou se tend de façon excessive, il peut exercer une pression sur le nerf sciatique. Ce phénomène, appelé syndrome du piriforme, est souvent déclenché par des mouvements répétitifs, une posture inadéquate ou des traumatismes.

La sténose spinale lombaire

La sténose spinale lombaire est un rétrécissement du canal rachidien dans le bas du dos. Ce rétrécissement réduit l’espace disponible pour le nerf sciatique, le comprimant et provoquant ainsi une sciatique. La sténose est souvent liée à l’âge et à des modifications arthrosiques.

Les traumatismes ou les blessures

Les accidents de voiture, les chutes ou les chocs violents peuvent endommager la colonne vertébrale, provoquant parfois un déplacement de vertèbres ou une hernie discale. Ces blessures peuvent entraîner une sciatique si elles exercent une pression sur le nerf sciatique.

L’arthrose et la dégénérescence discale

Avec l’âge, l’arthrose et la dégénérescence des disques vertébraux augmentent, entraînant un rétrécissement de l’espace entre les vertèbres et parfois une compression du nerf sciatique. L’arthrose peut également provoquer la formation d’excroissances osseuses appelées ostéophytes, qui peuvent comprimer le nerf sciatique.

Le mode de vie

Certaines habitudes de vie, comme le fait de rester assis longtemps ou de soulever fréquemment des charges lourdes sans technique appropriée, augmentent le risque de sciatique. Le surpoids, qui exerce une pression supplémentaire sur la colonne vertébrale et les disques intervertébraux, peut également contribuer au développement de la sciatique.

La grossesse

Pendant la grossesse, les changements hormonaux et la prise de poids peuvent augmenter la pression sur le nerf sciatique. Le développement de l’utérus exerce une pression supplémentaire sur le bas du dos et le bassin, ce qui peut également comprimer le nerf.

Zoom sur les symptômes de la sciatique

La sciatique s’accompagne d’une douleur dans le bas du dos, la fesse et la jambe. Elle est souvent vive, lancinante ou semblable à une décharge électrique, et part du bas du dos pour descendre dans la fesse, l’arrière de la cuisse et parfois jusqu’au pied. 

La douleur est aggravée par certains mouvements de torsion du dos, la montée ou descente des escaliers, le fait de se pencher en avant ou lorsque vous restez en position assise prolongée.

En plus de la douleur, des sensations de picotement (fourmillements) ou d’engourdissement peuvent survenir le long du trajet du nerf sciatique. Ces sensations, appelées paresthésies, peuvent affecter la fesse, la jambe, voire le pied. 

Dans certains cas, la sciatique entraîne également une faiblesse dans la jambe ou le pied, particulièrement après des mouvements prolongés ou intenses. Cette faiblesse peut rendre la marche difficile et peut se manifester par une incapacité à relever l’avant du pied dans les cas les plus sévères.

symptomes de la sciatique

Sciatique et travail : quels défis ?

Travailler avec une sciatique n’est pas facile, surtout lorsque la douleur est intense. Dès lors, plusieurs facteurs peuvent influencer votre capacité à travailler…

L’impact de la sciatique sur la mobilité

Le nerf sciatique contrôle plusieurs muscles dans la jambe, ce qui peut causer des problèmes importants de mobilité. Si votre métier implique de nombreux déplacements, ou la nécessité de rester debout, vous pourrez alors être rapidement limité par la douleur et la faiblesse que vous ressentez dans la jambe.

Des difficultés avec les tâches assises

Loin d’être une solution à la douleur, la position assise prolongée peut exacerber les symptômes de la sciatique. En effet, la pression sur les lombaires est souvent accentuée en position assise, surtout si le poste de travail n’est pas adapté. Si votre métier implique que vous restiez derrière votre ordinateur une grande partie de la journée, votre capacité à travailler sera alors amoindrie.

Les effets de la sciatique sur la concentration

La douleur chronique peut fragiliser la concentration, et diminuer la productivité et la qualité du travail. Elle peut également vous empêcher de prendre des décisions rapides ou de mener des tâches nécessitant une grande attention.

Y-a-t-il des risques d'aggravation si l’on travaille avec une sciatique ?

Tout comme pour la discopathie dégénérative, ou la névralgie cervico-brachiale , continuer de travailler avec une douleur sciatique peut parfois aggraver l’affection, surtout si le travail nécessite de soulever des charges lourdes, de se pencher souvent ou de marcher sur de longues distances. Les mouvements répétitifs ou des postures contraignantes peuvent accentuer la pression sur le nerf sciatique et prolonger la guérison.

Quels types de METIERS sont les plus affectés par la sciatique ?

Tous les types de métiers ne sont pas impactés de la même manière par la sciatique…

Les emplois sédentaires

Les employés de bureau, les informaticiens, les téléopérateurs et les professionnels qui passent la majeure partie de leur journée assis peuvent être particulièrement affectés par la sciatique, car ils restent assis de façon prolongée. C’est notamment le cas si le mobilier n’est pas ergonomique, et s’il le travailleur n’a pas la possibilité de faire des pauses régulières pour marcher et soulager la pression.

Les emplois qui exigent une station debout

Les emplois modérément actifs, comme enseignant ou vendeur, qui exigent une station debout régulière et des déplacements légers sont également touchés par la sciatique. Les longues journées debout ou les surfaces dures pour marcher peuvent rapidement exacerber les douleurs. Néanmoins, ces métiers peuvent être plus faciles à gérer qu’un travail de bureau, car ils permettent de varier les positions. 

Les emplois physiquement exigeants

Les emplois qui nécessitent des efforts physiques intensifs, comme les métiers de la construction, le transport, ou la manutention, sont les plus touchés par la sciatique. Le soulèvement de charges, les torsions et les flexions fréquentes imposent une pression intense sur les lombaires et le nerf sciatique, rendant difficile la gestion des symptômes.

Les stratégies d'adaptation pour travailler avec une sciatique

Il existe des solutions qui permettent d’atténuer l’impact de la sciatique au travail, et d’améliorer le bien-être au travail

L’importance de l’adaptation de l’environnement de travail

amengament du poste de travail sciatique

Un environnement de travail ergonomique peut réduire la pression sur le nerf sciatique. Quelques améliorations pratiques peuvent être réalisée, notamment si vous travaillez derrière un bureau :

  • Opter pour une chaise ergonomique avec un support lombaire, afin de maintenir une posture correcte, ou un ballon, qui vous oblige à garder le dos droit ;
  • Choisir pour un bureau réglable en hauteur, qui permet d’alterner entre position assise et debout ;
  • Utiliser un repose-pied pour soulever un peu les jambes.

Réaliser des étirements et exercices réguliers

Certains exercices spécifiques permettent de réduire la douleur sciatique en renforçant les muscles autour de la colonne vertébrale et en augmentant la souplesse :

  • Réaliser des étirements des ischio-jambiers afin de relâcher la tension autour du nerf sciatique ;
  • Réaliser des étirements du muscle piriforme (qui commence au bas de la colonne vertébrale et se connecte à la surface supérieure du fémur) pour détendre les muscles fessiers ;
  • Réaliser un renforcement du tronc afin de maintenir une colonne vertébrale stable.

De nombreux kinésithérapeutes proposent des exercices simples, réalisables sur le lieu de travail, plusieurs fois par jour, pour soulager les douleurs.

etirements et exercices sciatique

Prendre des pauses fréquentes

Les pauses fréquentes pour se lever, marcher et s’étirer sont indispensables : elles vous permettent de relâcher la pression sur les lombaires. Idéalement, faites une pause de cinq minutes toutes les 45 minutes afin de soulager la pression et redonner de la souplesse à vos muscles !

Utiliser un dispositif de soutien

Les ceintures de soutien lombaire peuvent vous aider à maintenir une bonne posture et à réduire la douleur sciatique. Attention toutefois : elles doivent être utilisées avec précaution, car un emploi prolongé pourrait affaiblir les muscles du tronc.

Consulter un médecin pour évaluer la gravité de la sciatique

En cas de douleur, il est essentiel de consulter un professionnel de santé, afin d’évaluer la gravité de la sciatique et envisager des traitements adaptés, tels que la physiothérapie, les anti-inflammatoires ou, dans certains cas, des infiltrations. Une intervention rapide peut prévenir la chronicité et réduire le risque de complications. Pour un travail très physique, avec port de charges lourdes, un arrêt de travail d’environ cinq semaines peut être nécessaire.

Droits et protections légales en cas de sciatique au travail

Congés maladie et prise en charge médicale

Si la sciatique est invalidante, un arrêt de travail temporaire peut être prescrit par un médecin pour permettre au salarié de se reposer et de suivre un traitement approprié. Dans les cas graves, un congé de longue durée ou même une reconversion professionnelle peut être envisagé. Notez qu’il existe de nombreux dispositifs afin de vous reconvertir en cas d’arrêt maladie, comme la VAE, le PTP, ou encore, le bilan de compétences.

Reconnaissance de la maladie professionnelle

Dans certains cas, la sciatique liée à un travail physiquement exigeant peut être reconnue comme une maladie professionnelle. Cela vous permet de bénéficier d’une indemnisation partielle ou totale des frais médicaux et d’une prise en charge par les assurances sociales.

Alors, peut-on vraiment travailler avec une sciatique ?

La réponse à cette question dépend en réalité de nombreux facteurs, tels que la gravité de la douleur, le type d’emploi que vous occupez, la possibilité d’aménagements du poste de travail et votre tolérance individuelle à la douleur. 

Pour certaines personnes, la sciatique peut être gérable avec un aménagement adéquat et un bon suivi médical. Pour d’autres, la douleur peut être si invalidante qu’il est impossible de continuer à travailler dans les mêmes conditions.

Toutefois, il est essentiel de rappeler que travailler avec une sciatique sans adaptation et prise en charge médicale peut entraîner des risques de complications plus graves, y compris des dommages nerveux permanents. 

Se reconvertir lorsqu’on ne peut plus travailler avec sa sciatique

Si votre métier est à l’origine de votre sciatique, et que cette dernière devient chronique, la reconversion professionnelle devra être envisagée. Pour changer de métier, plusieurs dispositifs peuvent vous accompagner :

  • Le projet de transition professionnelle (PTP) : il vous permet de suivre une formation certifiante, pendant ou en dehors de votre temps de travail tout en bénéficiant du maintien de votre rémunération. À noter : un projet de transition professionnelle implique forcément un changement de métier ou de profession. Les codes ROME (répertoire opérationnel des métiers et des emplois) ou, à défaut, les code NAF (nomenclature d’activités françaises) doivent être strictement différents ;
  • Le dispositif démission reconversion : il vous offre la possibilité de démissionner afin de mettre en œuvre votre projet professionnel et prétendre à l’allocation chômage. Le projet professionnel peut être une création ou reprise d’entreprise, ou un parcours de formation ;
  • La VAE : elle vous permet de faire reconnaître votre expérience professionnelle pour changer de métier, évoluer au sein de votre entreprise dans le cadre d’une mobilité interne ou faciliter votre projet de reconversion professionnelle.

Pour vous accompagner dans votre reconversion, zoom sur les métiers vers lesquels se tourner lorsqu’on a mal au dos !

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