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Le bore out est tiré de l’anglais « boredom », qui signifie « ennui ». Il désigne un état d’ennui et de désengagement chez le salarié, provoqué par une sous-charge de travail ou un manque de stimulation intellectuelle. Alors, quels sont les symptômes du bore out ? Que faire en cas d’ennui au travail ? Zoom sur les options qui s’offrent à vous pour sortir de cet état d’épuisement progressif qui entraîne de la souffrance au travail.

Bore-out : qu’est-ce que c’est ?

qu'est-ce que le bore out

Le bore-out est également connu sous le nom de « syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui ». Il se caractérise par un ennui profond et prolongé au travail, entraînant de la frustration, un mal-être psychologique et un désengagement professionnel.

Les salariés qui subissent le bore out sentent que leurs compétences sont sous-utilisées. Elles sont alors frustrées de ne pas pouvoir s’en servir. Le bore out est à la fois lié à la quantité de travail (les missions à effectuer sont de moins en moins nombreuses), mais également à la qualité du travail qui est demandé (les missions sont de moins en moins challengeantes).

La différence entre le bore out, le brown out et le burn out

Le burn-out, le bore-out et le brown-out sont des risques psychosociaux qui diffèrent au niveau de leur nature, mais qui ont tous les trois des causes professionnelles.

Le bore out est l’inverse du surmenage au travail : il est causé par une sous-charge de travail. Le salarié manque de stimulation, d’accomplissement et de challenge au travail. Il est souvent causé par :

  • L’absence d’opportunités d’évolution ;
  • Une mauvaise communication ;
  • Une mauvaise organisation du travail ;
  • Une routine monotone et persistante ;
  • Une surqualification par rapport au poste ;
  • Un manque de ressources ;
  • Des conflits avec les collègues ou les supérieurs, du harcèlement moral ;
  • Une absence de reconnaissance ou de soutien ;
  • Une impossibilité d’évoluer professionnellement.

Le burn out professionnel, quant à lui, est plus connu, et est en réalité l’inverse du bore out : il est causé par une surcharge de travail, un surmenage et un stress au travail excessif, et cause des situations de souffrance. Le salarié est noyé sous toutes les tâches qu’il doit accomplir, se surinvestit et s’épuise émotionnellement et physiquement. Le burn out fait suite à un déséquilibre entre la charge de travail et les ressources disponibles. Cette charge de travail trop importante et ces attentes irréalistes de l’employeur peuvent épuiser à la tâche : elles provoquent un surmenage professionnel, un épuisement psychologique, voire, des accidents du travail.

Enfin, le brown-out désigne un travailleur qui ne donne plus de sens à ses tâches et qui n’a plus aucune énergie. Ce manque de vision rend le travail épuisant et stressant : le salarié perd progressivement son intérêt pour son emploi, car il ne trouve plus de pertinence dans ses missions. Cette perte de sens, cette usure psychologique peut être causée par un manque d’autonomie, de responsabilité dans le travail, ou un manque d’opportunités qui permettraient de mettre en valeur ses compétences et sa créativité.

Quels sont les symptômes du bore out, cette souffrance liée à l’ennui ?

Plusieurs signes peuvent indiquer que vous souffrez de bore out :

  • Vous n’êtes pas heureux de rejoindre votre travail le matin ;
  • Vous appréhendez le début de votre journée de travail ;
  • Vous partez tôt le soir en raison d’un manque de tâche à effectuer ;
  • Vous avez le sentiment de souffrir de stress professionnel à l’idée de ne rien avoir à faire de la journée ;
  • Le manque de travail crée un malaise en vous, et vos missions ne vous permettent pas d’aboutir à des résultats concrets, à un accomplissement personnel ;
  • Vos mission ne vous attirent plus, vous les trouvez inintéressantes, vous avez le sentiment de travailler pour rien ;
  • Vous avez l’impression que vos tâches ne comportent aucun challenge ;
  • Vous ressentez de l’isolement au travail ;
  • Vous n’avez pas d’espoir d’évolution dans votre entreprise, en dépit de vos compétences ;
  • Vous n’êtes pas considéré par votre hiérarchie, vous n’avez pas de reconnaissance ; 
  • Vous n’êtes plus concentré au travail, vous commettez souvent des erreurs, vous oubliez de répondre à des emails ou de réaliser certaines tâches ;
  • Votre productivité baisse ;
  • Évoquer le travail vous stress et vous observez des conséquences sur votre santé physique : mal au ventre, mal à la tête, fatigue… ;
  • Vous avez tendance à procrastiner et à remettre les tâches les plus simples à plus tard ;
  • Vous avez un sentiment d’inutilité, l’impression d’être inefficace, ce qui vous fait culpabiliser et impacte votre confiance en soi ;
  • Vous sentez un épuisement total, de surmenage physique s’emparer de vous et vous avez l’impression de souffrir de fatigue ;
  • Vous n’avez pas assez de travail pour occuper votre journée, et vaquez à vos occupations personnelles ou futiles pour combler ce vide ;
  • Le retour au travail après un week-end ou des vacances entraîne un stress qui devient trop important ;
  • Vous avez des troubles du sommeil ;
  • Vous êtes de plus en plus souvent absent, en arrêt-maladie, vous avez tendance à arriver en retard ou à partir plus tôt que d’habitude. Ou à l’inverse, vous avez l’impression de faire du présentéisme et de ressentir une sorte de dépersonnalisation.

Le bore-out, lorsqu’il est installé, provoque des symptômes physiques liés au stress. Ces indicateurs de stress peuvent être l’irritabilité, la fatigue chronique (émotionnelle et physique), les troubles de sommeil, les manifestations cutanées, les troubles digestifs, les maux de tête répétés, les maux de ventre…

Des symptômes psychologiques de l’état dépressif sont également observés, tels que le sentiment de dévalorisation, la baisse de l’estime de soi, la peur de l’échec…

Le bore out peut prendre différentes formes, et ne doit pas être sous-estimé : lorsqu’il n’est pas pris en charge, il peut mener à une grave dépression nécessitant un arrêt de travail total, et affecter le salarié dans son quotidien, au-delà même de son activité professionnelle. 

symptôme bore out

Un mal-être au travail qui touche toutes les catégories socioprofessionnelles

La baisse ou le manque d’activité de travail inscrit le bore-out au tableau des RPS (risques psychosociaux). Il s’agit en effet d’une pathologie d’origine professionnelle provoquant du mal-être au travail qui finit par épuiser le salarié, et qui peut toucher toutes les catégories socioprofessionnelles : les employés, les cadres, les supérieurs hiérarchiques ou encore, les dirigeants d’entreprise.

Toutefois, certaines professions au sein desquelles les employés ont des postes répétitifs, monotones, ou qui ne nécessitent pas beaucoup de créativité ou de prise de décision risquent davantage d’être touchées par ce trouble psychique.

Bore out : que faire quand le travail vous ennuie ?

Le bore out peut avoir de lourdes conséquences professionnelles, et impacte de façon importante la qualité de vie au travail. Pour agir contre cette souffrance psychique, plusieurs voies sont possibles.

Comment prévenir le stress du bore-out et éviter les états dépressifs qui y sont liés ?

ennui au travail

Afin d’éviter l’épuisement au travail par l’ennui, veillez à choisir un métier qui correspond à vos intérêts et à vos compétences, et assurez-vous que vos tâches sont suffisamment stimulantes. N’hésitez pas à être force de proposition et demandez des projets supplémentaires ou des tâches plus complexes afin de rester concentré et éviter l’ennui lié au travail.

Fixez-vous des objectifs professionnels clairs et atteignables, et communiquez ouvertement avec votre manager dès que vous avez des préoccupations, ou dès que vous vous ennuyez. 

Suivez des formations ou des programmes de développement professionnel afin de rester à jour sur les nouvelles compétences qui sont sollicitées pour votre métier, et pour continuer de stimuler votre curiosité intellectuelle. 

Afin de limiter la fatigue (mentale ou épuisement physique) et la surcharge émotionnelle, prenez des pauses régulières, et adoptez le télétravail, qui vous permet de profiter de plus de flexibilité et de liberté : vous pourrez alors vous tourner vers des activités qui vous motivent davantage, et éviterez ainsi d’être épuisé par l’ennui.

Se tourner vers un professionnel de santé au travail lorsqu’on mène un travail qui nous ennuie

Le premier réflexe en cas de bore out est de se tourner vers un professionnel de la santé mentale pour obtenir un soutien social et psychologique ainsi que des clés précieuses de gestion du stress. En effet, dès l’apparition des premiers signes d’épuisement mental ou de désintérêt, il est important d’en parler à votre psychologue, à un psychiatre, un psychanalyste ou à votre médecin-traitant : vous pourrez ainsi initier un travail clinique et obtenir les clés qui vous aideront à sortir de cette situation qui vous rend anxieux.

Trouver des défis en dehors de votre environnement de travail

Si vous ne trouvez pas de défis au travail, investissez-vous dans des projets en dehors de votre vie professionnelle pour stimuler votre bien-être et ajouter de la variété à votre quotidien. Vous concentrer sur un projet personnel vous permettra de rythmer votre journée. Vous pouvez par exemple vous inscrire à un club de sport ou faire du bénévolat au sein d’une association afin de retrouver de la stimulation et du plaisir dans votre quotidien. 

Faire un point avec les ressources humaines

Si vous souffrez de bore out, vous vivez une véritable souffrance au quotidien, et votre santé mentale au travail est menacée. Vous pouvez également vous tourner vers les représentants du personnel ou demander un entretien avec les ressources humaines. Durant l’entretien, parlez de ces troubles psychiques qui naissent, du stress chronique, du manque d’objectifs concrets, de votre épuisement émotionnel relié au travail, et du désintérêt que vous ressentez pour les missions qui vous sont confiées. 

Sollicitez un entretien avec votre supérieur, afin de lui demander de nouvelles tâches ou de nouvelles responsabilités. Expliquez-lui que vous avez besoin de stimuler votre intérêt et de maintenir votre engagement. Dites-lui clairement que vous n’avez pas assez de travail, que vous avez besoin de prendre en charge plus de tâches, ou que vous aimeriez monter en grade.

s'ennuyer au travail

N’hésitez pas à faire des suggestions : si vous avez des idées pour améliorer votre poste, ou pour rendre votre entreprise plus efficace, partagez-les à votre supérieur. Votre contribution pourrait faire avancer la situation, et vous donnera l’opportunité de vous sentir plus impliqué dans votre travail.

Echanger avec vos collègues sur votre ressenti

En cas de bore out, il peut être difficile de communiquer sur votre situation, car vous ressentez une forme de culpabilité et de manque d’estime de vous-même. Pourtant, en parler avec un collaborateur pourrait s’avérer être très précieux, car vos collègues peuvent être amenés à vivre la même situation que vous. Dès lors, cela peut révéler un problème organisationnel plus général. 

Si vos collègues font face à une charge de travail excessive, il vous sera alors possible de leur proposer de les aider sur certains dossiers qui vous stimulent, afin de rendre vos journées plus intéressantes et motivantes.

Demander une mobilité interne

Si vous vous ennuyez à votre poste, vous pouvez solliciter une évolution en interne. La mobilité interne en entreprise désigne tout changement de poste ou évolution de fonction au sein d’une même organisation. 

La plupart du temps, les souhaits d’évolution sont remontés lors des entretiens annuels. Mais en cas de bore out, ne tardez pas avant de solliciter les RH sur ce sujet. 

En entreprise, il existe trois dimensions de mobilité interne :

  1. La mobilité géographique : vous changez de lieu de travail et allez œuvrer au sein d’une filiale du groupe ou de l’entreprise dans une autre zone géographique ;
  2. La mobilité verticale : elle implique une promotion interne au sein du même service. Elle induit une évolution hiérarchique et/ou de nouvelles responsabilités, et est souvent accompagné d’une augmentation de salaire ;
  3. La mobilité horizontale : vous changez de service, mais occupez une fonction similaire. Vous n’avez pas de nouvelles responsabilités, mais obtenez une extension de votre périmètre d’actions, et une plus grande diversité de projets.

Le bore out entraîne un important besoin de changement, qu’il s’agisse du contenu de vos missions, du type de travail, du rythme de vie, ou encore, d’emplacement géographique. La mobilité interne vous permet de satisfaire vos besoins d’évolution et de reconnaissance au sein de votre entreprise : un point fondamental en cas de bore out.

Par ailleurs, la mobilité vous permet d’étendre vos connaissances et vos savoir-faire, et vous donne la possibilité de monter en compétences, tout en faisant l’économie des difficultés et du stress liés à la recherche d’un nouvel emploi.

Pour justifier votre demande d’évolution en interne, plusieurs cas de figure :

  • Si vous possédez les compétences et les aptitudes nécessaires pour le nouveau poste, il vous suffit de faire votre demande de mobilité avec une lettre de motivation et un CV actualisé ;
  • Si vous ne possédez pas encore l’intégralité des compétences requises pour le nouveau poste, vous devrez être force de proposition pour convaincre votre employeur. Parlez des formations possibles, des solutions d’accompagnement, des financements envisageables.

La rupture conventionnelle pour changer de milieu professionnel

Si vous n’arrivez pas à obtenir de changement de poste ou de nouvelles attributions au sein de votre entreprise, si vous sentez que la situation est bloquée, que vous souffrez d’épuisement complet, ou si vous préférez passer à autre chose, la meilleure solution sera de changer d’employeur, de trouver un nouvel emploi. Face à cette situation, une rupture conventionnelle peut être envisageable. Il s’agit d’une procédure qui permet à l’employeur et au salarié de convenir ensemble des conditions de la rupture du contrat de travail qui les lie. 

Vous pouvez demander une rupture conventionnelle uniquement si vous êtes en CDI, cadre ou non cadre. Cette rupture de contrat, qui nécessite un accord des deux parties, permet de mettre en place de bonnes conditions de départ. Vous pouvez, avec votre employeur, opter pour une date de départ qui correspond au moment opportun à la fois pour vous, et pour l’entreprise.

Par ailleurs, la rupture conventionnelle vous permet de bénéficier des allocations chômage, et d’une indemnité de rupture conventionnelle calculée en fonction de l’ancienneté et du salaire. Un vrai plus pour donner un nouveau tournant à votre carrière.

Le bilan de compétences pour y voir plus clair

Si vous vous ennuyez souvent rapidement et changez régulièrement de travail, il est important de se poser les bonnes questions : pourquoi faites-vous aussi rapidement le tour de vos emplois ? Quelles sont réellement vos envies professionnelles ? 

Le bilan de compétences pourra vous aider à y voir plus clair sur vos motivations, vos aptitudes, et vos aspirations. Grâce au bilan de compétences, vous œuvrez afin d’amener du bien-être dans votre quotidien professionnel. Les exercices et les tests vous aident à faire le point sur vous, pour intégrer vos valeurs dans votre projet professionnel : un vrai plus pour trouver du sens à votre carrière et améliorer votre épanouissement au travail.

Pendant le bilan de compétences, vous vous fixez des objectifs concerts, et apprenez à vous poser les bonnes questions, pour explorer toutes les voies professionnelles qui s’offrent à vous. Vous prenez le temps de vous découvrir, d’écouter vos aspirations, pour ouvrir de nouveaux horizons de carrière.

Changer de métier grâce au PTP

Le Projet de Transition Professionnelle (PTP) est un dispositif qui vous permet de suivre, à votre initiative, une formation certifiante, pendant ou en dehors de votre temps de travail, en vue de changer de métier. Grâce à ce dispositif, vous bénéficiez du maintien de votre rémunération. 

Un Projet de Transition Professionnelle (PTP) implique forcément un changement de métier ou de profession. Dès lors, les codes ROME (répertoire opérationnel des métiers et des emplois) ou, à défaut, les code NAF (nomenclature des activités françaises) doivent être strictement différents.

À la date supposée d’entrée en formation, si vous êtes en CDI, vous devez justifier d’une ancienneté, dans le secteur privé, de :

  • 24 mois minimum, consécutifs ou non, en qualité de salarié, quelle que soit la nature des contrats de travail successifs ;
  • Dont 12 mois dans l’entreprise actuelle.

Le dispositif démission reconversion

Si vous souffrez de bore out, changer de métier vous permettra de vous lancer de nouveaux challenges, d’ouvrir de nouvelles perspectives. 

En effet, décider ce changement professionnel et trouver un nouveau travail peuvent aider à vaincre le manque de confiance en soi qui naît du syndrome du bore out.

Le dispositif démissionnaire pourra ici être un grand allié pour accompagner ce changement : il permet de démissionner et de recevoir l’allocation chômage d’aide au retour à l’emploi (ARE). Ce dispositif est accessible aux personnes en CDI du secteur privé qui justifient d’une activité professionnelle de 5 ans au cours des 60 derniers mois, à la date de leur démission.

Avant de se lancer et de présenter votre démission, vous devez obligatoirement prendre rendez-vous avec un Conseiller en Évolution Professionnelle. Ce dernier vous accompagnera dans l’élaboration de votre projet professionnel, quel que soit son niveau d’avancement.

Créez ensuite un dossier démissionnaire auprès de Transitions Pro Grand Est : lorsqu’il est complet, le dossier doit passer en Commission d’Instruction. Transitions Pro Grand Est a ensuite 2 mois afin de rendre sa décision de validation ou de rejet du « caractère réel et sérieux du projet » : attendez d’avoir cette attestation avant de démissionner.

Une fois que vous avez démissionné, vous pouvez vous inscrire comme demandeur d’emploi auprès de France Travail (anciennement Pôle emploi), dans les 6 mois qui suivent l’obtention de l’attestation du caractère réel et sérieux du projet.

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